Dr Germ

chercheur au travailL'homme derrière toutes ses considérations de bon goût est le Pr Charles Gerba, chercheur à l'université d'Arizona. C'est un expert en bactériologie de réputation internationale, auteur de plus de 400 publications scientifiques sur le sujet. Il a par exemple participé à l'étude sur les savons anti-bactériens dont je parlais dans le billet précédent. Pour la petite histoire, il est tellement passionné par son boulot qu'il a choisi Escherichia comme deuxième prénom pour son fils (en référence à la célèbre bactérie fécale Escherichia coli, ou E. coli). Pour faire passer la pilule, il a quand même du faire croire à son beau-père que ce nom était celui d'un roi de l'Ancien Testament.

toilettes Depuis sa thèse dans les années 70, il se passionne pour les germes. Il a mesuré la propreté microbiologique de quantités de toilettes (cuvette, sol, lavabo, etc.). De manière assez surprenante, les poignées des portes sont en générale nettement plus propre d'un point de vue microbiologique que le reste de la pièce. Mais il a trouvé des différences importantes entre les sexes : les toilettes des femmes étant largement plus sales que celle des hommes. Il est aussi l'auteur d'études saisissantes sur les microbes dans les gouttelettes projetées hors de la cuvette lorsque vous tirez la chasse d'eau et que l'on retrouve encore en suspension dans l'air à parfois plusieurs mètres de distance et plusieurs heures après. C'est pourquoi il recommande de tirer la chasse d'eau avec le couvercle de la lunette fermé et de ranger sa brosse à dents dans le placard de la salle de bain (à moins de vouloir à tout prix se brosser les dents avec une brosse ayant littéralement trempé dans la cuvette des toilettes) ! Mais attendez, ce n'est pas là le pire.

à table !

eponge Charles Gerba a travaillé sur l'état bactériologique de plusieurs bureaux américains en échantillonnant un grand nombre de surface (téléphone, clavier d'ordinateur, surface de bureau, poignée de micro-onde, de frigo, bouton d'ascenseur, de fax ou de photocopieur, robinet, siège des toilettes, etc.). Il a recherché plusieurs variétés de bactéries parmi lesquelles : Klebsiella pneumonia (responsable de la pneumonie), des coliformes fécaux, des streptocoques, des salmonelles et le staphylocoque doré (souvent mis en cause dans les infections nosocomiales, celui-là même qui a coûté sa jambe à Guillaume Depardieu).

Les résultats de l'étude sont ahurissants. Les endroits les plus contaminés, et de très loin, sont le téléphone ainsi que le clavier et la souris de votre ordinateur. Le plus surprenant est la relative propreté de la lunette des toilettes : il y a 400 fois moins de germes sur le siège des toilettes que sur votre bureau.

C'est evieraussi vrai chez vous : le lieu le moins contaminé est sans doute les toilettes. L'endroit le plus sale est la cuisine et notamment les robinets et le pourtour de l'évier. L'éponge est un vrai paradis pour bactéries. Et il y a 200 fois plus de coliformes fécaux sur une planche à découper que sur le siège des toilettes ! Quand vous lavez une carotte ou une feuille de salade et qu'elle tombe dans l'évier, vous la ramassez, la rincez rapidement et vous la remettez avec les autres. Est-ce que vous feriez de même avec une carotte qui serait tombée dans la cuvette des toilettes ? Franchement, je ne pense pas ! Et pourtant…

Enfin, il a publié l'année dernière une étude sur la propreté des lieux publics en général (centres commerciaux, crèches, bureaux, restaurants, cinémas, aéroports, hôpitaux, etc.) en recherchant des contaminations non seulement par des coliformes fécaux, mais aussi des fluides corporels (mucus, urine, salive, sueur, sang). Les taux de contamination des surfaces avec lesquelles nous entrons en contacts sont impressionnants. En moyenne 20% des surfaces échantillonnées étaient contaminées par des coliformes fécaux. Et 15% présentaient des traces de fluides corporels. Mais ce chiffre atteint 46% dans les crèches. Et tout cela se retrouve bien sûr rapidement sur nos mains.

Pour le pique-nique : salami ou salmonelle ?