Petit mais costaud

bacterie Les bactéries sont de merveilleuses machines adaptées à presque tous les environnements, depuis le fond des océans jusqu'aux replis de nos intestins. Ce sont des organismes relativement simples constitués d'une seule cellule et qui se reproduisent essentiellement de manière asexuée, par division. Une bactérie se coupe en deux ce qui donne deux bactéries. Aucune n'est la fille de l'autre. Il s'agit de la même bactérie divisée en deux exemplaires. En ce sens, les bactéries ne meurent jamais ! Si elles sont dans un environnement qui leur est favorable, elles ne connaissent pas la vieillesse. C'est pour cela qu'on a pu dire qu'une bactérie vieille d'environ 32 000 ans (découverte en 2000 dans un forage scientifique en Alaska) est toujours vivante : c'est la plus vieille bactérie connue encore en vie. Et 32 000 ans, ça commence à être un age plus que respectable, largement supérieur à l'espérance de vie de n'importe quel séquoia ! Il y a plus fort, des chercheurs ont retrouvé une bactérie endormie vivant à l'intérieur d'une abeille fossilisé dans de l'ambre depuis 25 à 40 millions d'années, endormie mais toujours vivante !

bacterie Certaines bactéries se reproduisent à un rythme véritablement astronomique : une division toutes les 20 minutes. Imaginons qu'elles aient assez de place et de nourriture. A partir d'une bactérie, au bout de deux jours vous en avez nombre supérieur à celui de tous les êtres humains ayant jamais vécu sur Terre. Et au bout de 4 jours, un nombre supérieur au nombre de protons dans l'univers ! Un chiffre qui donne le tournis n'est-ce pas ? C'est encore une histoire de puissance de deux dont j'avais déjà parlé à propos du pliage.

bacterie Ces bactéries nous empoisonnent souvent l'existence. Par exemple, ce sont elles qui sont responsables de l'odeur âcre de la sueur ou de l'urine. Pourtant, contrairement à l'image que l'on s'en fait, l'urine est quelque chose de propre : c'est un liquide sécrété par les reins rigoureusement stérile, exempts de germes ou de bactéries, quand il sort de la vessie (sauf si on souffre d'infection urinaire bien sûr) et il n'a pas une odeur violente. Mais s'il n'y a pas de bactérie dans l'urine, en revanche, elles pullulent partout dans notre environnement. En fait, ce sont elles qui dégradent rapidement l'urée et sont responsables de l'odeur caractéristique des pissotières.

Savon antibactérien

bacterie Nous vivons dans un monde infesté de germes, c'est entendu. Or nous passons notre temps à toucher des objets, serrer des mains ou à manipuler des poignées de portes. Ce qui rend certaines personnes extrêmement inquiètes. On raconte, par exemple, que Pasteur après avoir passé sa vie à travailler sur les bactéries refusait catégoriquement de donner des poignées de mains ! C'est aussi ce qui explique le succès des gels ou savons anti-bactériens. Mais leur efficacité est loin d'être prouvée. C'est en tout cas ce que montre une étude publiée par un groupe de chercheurs américains.

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Ils ont travaillé sur l'impact de savons anti-bactériens du commerce sur les risques de contamination par des bactéries du genre Shigella (en photo ci-contre), notamment responsables de dysenteries modérées à sévères accompagnées de vomissements. A l'air libre sur votre peau, elle est capable de survivre 3h, mais elle peut résister une dizaine de jour en milieu moins hostile comme sur la fibre de coton par exemple. Cette charmante bestiole est très fréquente dans les crèches où elle est la principale cause des diarrhées contractées par les enfants. Elle se transmet par les fèces. C'est pourquoi les chercheurs ont concentré leur étude sur les risques de contamination de l'enfant aux parents lors du changement des couches du bébé. En dépit du lavage des mains, la bactérie se retrouve rapidement partout, jusque sur les lèvres des parents. Si vous souhaitez plus de détails, je vous renvoie à l'article original.

Leur principale conclusion est intéressante. Alors que la plupart des consommateurs pensent que leurs mains sont propres après un lavage au savon, elles sont très loin d'être propres d'un point de vue bactériologique. L'usage d'un savon anti-bactérien n'a pratiquement aucun effet sur les risques de contamination. Dans le meilleur des cas et après un lavage très soigneux des mains, les auteurs rapportent une baisse de 20% du risque d'infection. C'est très faible !

Le but de ce billet n'était pas de vous rendre hypocondriaques. Bien au contraire. Je voulais surtout relativiser notre rapport paranoïaque à l'hygiène. J'espère que le voyage vous a plu. Et pour finir, j'aurai aimé vous renvoyer vers une petite vidéo mais le lien est rompu : on y voyait un groupe de cadres s'embrasser sur la bouche le matin plutôt que se serrer la main, manière amusante de rappeler qu'une poignée de main transmet plus de bactéries qu'un baiser !