Polaroid 665

source : Louis Figuier (1891) Les merveilles de la Science, ou descriptions populaires des inventions modernes, supplément n°2, p.76-80, édition Jouvet et Cie, Paris.

Les mains en l'air et souriez : vous êtes photographiés. Bien sûr, on n'attend pas de vous une pose naturelle et détendue : l'objet est inquiétant et vous n'apprécieriez sans doute pas que l'on braque ce genre d'appareil photo vers vous. Pourtant le vocabulaire photographique est déjà incroyablement guerrier : on arme le déclencheur de son appareil, on vise avant de shooter à bout portant. On mitraille en mode rafale. Sur les appareils argentiques, on recharge avec du film en cartouche. Les attitudes même ont beaucoup à voir avec la chasse ou l'univers militaire. Les paparazzis sont en planque ou en embuscade comme des snipers. Même la photo animalière, si paisible en apparence, n'est pas en reste avec ses safaris photo. Un ami passionné de photo ornithologique me vantait récemment l'achat de son nouveau filet de camouflage pour des affûts de plusieurs heures. S'approcher au plus près de son sujet (de sa proie ?). Logiquement, le matériel photographique finit par ressembler à une arme à l'image de cet étonnant photo-revolver vieux de plus d'un siècle. Alors que je parcourais ma photothèque pour la préparation du billet précédent sur les six-coups, j'ai remis la main sur une petite collection d'images d'armes photographiques, toutes plus improbables les unes que les autres. Visite guidée : Lire la suite...

Plusieurs fois par an, à marée basse, la plage de l'aber sur la presqu'île de Crozon se couvre de camionnettes blanches et le très lent ballet des tellinaires commence. Peu importe le froid et le vent, les pêcheurs traînent à reculons leur drôle de chariot. Ca fait des années que je les vois tamiser la plage en bas de chez mes parents. J'ai profité des dernières vacances pour réaliser une nouvelle série de Polaroid que j'ai commencée à scanner et dont voilà le premier transfert d'émulsion (cliquez sur l'image). Lire la suite...

Elle est toute chauve et a la peau du cou craquelée comme du vieux cuir. Mathilda est une beauté du zoo de Bristol. Des gestes si lents qu'on la croit immobile. Et quelle superbe indifférence face aux suceurs de glace qui s'agglutinent au pavillon d'à côté, celui des grands singes. Pourtant ça ne doit pas être la fête tous les jours dans son parc au gazon râpé. Mais de ça, Mathilda s'en moque.

Pensez aussi à passer voir un type vachement doué qui s'essaye aux transferts de Polaroid. Il y a un mois, nous échangions plusieurs mails à propos de ces techniques. Quelques jours plus tard, Laurent montrait ses premières images très impressionnantes.

Un immense mécanisme d'horlogerie rouillé, partiellement désossé et adossé à un hangar à bateau des anciens docks de Bristol. Je profite de mes derniers Polaroid 665 avant la fin des stocks. Normalement le négatif doit être traité immédiatement dans une solution de disulfite de sodium que je transporte dans un tupperware. Mais cette fois-ci, j'ai voulu expérimenter autre chose : j'ai attendu plusieurs heures avant de séparer le positif du négatif, ce qui a laissé le temps à la chimie de sécher et a provoqué ces déchirements du film (en plus grand sur mon site photo et une autre de la même série ici).

Sur mon site photo, une nouvelle série de transferts de polaroid sur les anciens docks de Bristol. Le procédé est extrêmement stimulant. Mais après plusieurs mois de pratique intensive, je vais essayer de revenir à des images moins dégradées.

Un transfert de polaroid réalisé le week-end dernier en bourgogne. Je suis particulièrement content du rendu et de l'ambiance de l'image, les marges et les décollements fonctionnant bien avec le sujet. (cliquez sur la vignette pour la voir en plus grand)

The Mall, un pub de Clifton Village. C'est encore un transfert de Polaroid. Mais cette fois, j'ai opté pour un papier aquarelle texturé. Ce qui donne une image très dégradée mais traduisant bien l'ambiance de ce vieux quartier de Bristol. J'ai pris cette vue dans la lumière de fin d'après-midi. Il faisait vraiment froid ce qui n'a pas facilité le transfert puisque le film ne se développe presque plus à des températures inférieures à 10 °C. Pour limiter les décollements d'émulsion, j'avais légèrement humidifié la feuille aquarelle.

C'est comme une lettre de rupture à laquelle on s'attendait un peu : on savait que ça allait arriver un jour mais ça fait toujours de la peine quand on l'apprend. Alors voilà, il faut que je te dise, Polaroid arrête la production de son superbe film noir et blanc 665. Ca va chagriner les amoureux de ce beau film, et ils sont nombreux ! Le 665 est sans doute mon film photo préféré. C'est lui que j'ai utilisé par exemple pour cette photo de Glastonbury's Tor ou pour certaines vues de la série "still life". Il n'a aucun équivalent en moyen format. Outre sa richesse de gris et son remarquable velouté, il avait la particularité de produire un grand négatif (8,5 x 10,8 cm) que l'on pouvait ensuite tirer au laboratoire. Lire la suite...

J'ai fini de scanner la série de polaroids pris à la galerie d'anatomie comparée. Plusieurs personnes à qui j'ai montré ce travail l'ont trouvé dépressif, voire morbide. Pourtant je n'ai aucune fascination romantique pour la mort. Au contraire, j'étais séduit par la beauté des spécimens et le naturel de leur pose. L'architecture des lieux contribue aussi beaucoup au charme désuet et mystérieux de cette collection que j'ai essayé de capturer au Polaroid, technique imparfaite et sensuelle.

Toujours un Polaroid après transfert d'image à sec. Un jeune gorille du muséum d'histoire naturelle.

Cette image est extraite d'une série de polaroids pris dans la lumière de fin d'après-midi, au muséum d'histoire naturelle de Paris. J'ai profité des trop courtes vacances pour sortir le monstre et expérimenter un autre procédé, toujours au polaroid, le transfert d'image à sec. Lire la suite...

Ca fait un moment que je lui tourne autour. Un arbre étrange (un cyprès ?) sur le trajet d'un muret de pierres sèches qui semble s'interrompre pour le laisser pousser. Je retourne régulièrement dans la forêt de l'Avon Gorge pour le voir. Cette fois-ci, j'avais emporté tout le barda : le trépied, le dos polaroid, les films 665, et le tupperware avec la solution de disulfite.