Le terme commence à apparaitre dans les traités médicaux à la fin du XIXe siècle. Jusque là, il figurait bien dans les dictionnaires mais comme nom de genre pour une plante des Andes péruvienne à l’odeur désagréable. Un des ouvrages en français les plus anciens que j'ai pu trouver sur ce trouble neurologique est celui du Dr Castex (Maladies du larynx, du nez et des oreilles, édition J.-B. Baillière et fils, Paris, 1899) mais le médecin autrichien Hermann von Zeissl y faisait déjà référence en 1876 (Traité clinique et thérapeutique des maladies vénériennes, traduction française de 1888). Le Traité de médecine, publié en 1891 sous la direction du célèbre neurologue Jean-Martin Charcot, y consacre lui aussi un article mais la cacosmie est alors essentiellement décrite comme la signature d'un état mental déséquilibré. Selon ce traité, ces troubles se retrouvant fréquemment chez les aliénés ou les femmes hystériques «sont toujours d'un pronostic plus ou moins fâcheux». Les cacosmies ont depuis été l’objet de quantités d’ouvrages ou articles médicaux. Elles sont d’origines très diverses et j’imagine que les malades affectés de ces troubles olfactifs doivent en souffrir terriblement quand on sait l'importance des odeurs dans notre vie sociale : il n'y a qu'à voir les expressions imagées y faisant référence : « mon chef ne peut pas me sentir », « lui, je ne peux pas le blairer », etc.

Pourtant ce qui m’intrigue dans ce mot depuis des années est lié à la nature même du trouble. Pourquoi s’agit-il toujours de mauvaises odeurs imaginaires ? Quel dommage que les malades ne baignent jamais dans de bonnes odeurs hallucinatoires ? Sans doute que toute odeur, même très agréable au début, finit-elle par devenir écœurante à la longue...