J'avais déjà évoqué cette question, il y a quelques mois, dans le billet sur la sieste. Mais j'y reviens parce que quatre chercheurs américains ont publié il y a quelques jours une étude intéressante sur l'inertie hypnique. C'est un phénomène bien connu des biologistes spécialistes du sommeil mais, jusqu'à présent, il n'avait jamais été mesuré précisément. C'est ce qui fait toute l'originalité de cette étude. Pour la première fois, des chercheurs ont quantifié la baisse des capacités cognitives immédiatement après le réveil.

Ils ont soumis des volontaires en bonne santé, ne présentant pas de troubles du sommeil et n'ayant pas absorbé de psychostimulant (nicotine, caféine, drogue, etc.) depuis plusieurs semaines, à des tests de calcul mental dès leur réveil, puis régulièrement pendant inetrie hypnique plusieurs heures. J'ai simplifié et résumé leurs résultats sur ce graphique (pour ceux qui veulent plus de précision, vous pouvez consulter la publication originale). Il montre l'évolution de leurs scores en fonction du temps depuis le réveil. La zone en orange correspond au phénomène d'inertie hypnique.

Ce qui est impressionnant, c'est surtout le début de la courbe. Quelques minutes après le réveil, les sujets n'étaient qu'à 65% de leurs capacités intellectuelles. Ce qui est très bas ! Mais il y a pire : il faut quand même presque deux heures pour être enfin au maximum de ses capacités. C'est dire si notre cerveau met du temps à se réveiller complètement ! C'est un paramètre à prendre en compte pour les gens qui doivent se lever très rapidement et travailler dans l'urgence. Réveillé en pleine nuit, un pompier est sans doute loin d'être en pleine possession de ses moyens quand il conduit le camion-citerne.

Il est aussi amusant de constater qu'une dizaine d'heures après le réveil, c'est à dire vers la fin de l'après-midi (17-18h), on a un "coup de barre" très sensible : les performances diminuent nettement, avant de repartir en début de soirée. La fin de la courbe aussi est intéressante : elle correspond à une privation de sommeil. Les sujets étaient encore soumis à des tests longtemps après leur réveil. Leurs capacités chutent de manière très importante. En fait, leurs scores deviennent aussi mauvais que si ils étaient en état d'ébriété ! Et pourtant, leurs performances restent meilleures que celles de quelqu'un réveillé depuis une vingtaine de minutes.

Le matin, votre conjoint a non seulement une haleine de labrador et des marques d'oreiller du meilleur effet sur la joue, mais en plus il a un QI de 60 ! C'est dans ces moments là que la vie de couple est la plus dure...