pédaler dans le porridge
mardi 2 août 2005 à 16:13
Le crawl est une des techniques de nage les plus rapides. Elle a été inventée par les indiens d’Amérique du Sud et introduite en Europe seulement à la fin du XIXe siècle. En anglais, le verbe "to crawl" signifie ramper. Il est révélateur de la forte impression faite par les nageurs amazoniens sur les colons européens éduqués à la brasse, digne et vigoureuse. Les indiens leur semblaient ramper sur l’eau. Et donc maximiser la prise d’appui.
Depuis les années 90, les nageurs de compétition utilisent des maillots de bains de plus en plus englobants (allant des chevilles aux poignets et jusqu’à la base du cou). Au même moment, apparaissent de nouvelles matières hydrophobes (lycra, olefin et polyolefin). Le but de ces maillots est de limiter les turbulences et d’améliorer la glisse. De nager plus vite en somme. Un autre moyen de faire tomber les records de natation serait de jouer sur la salinité de l’eau : une eau plus saline augmente la flottabilité et limite donc les frottements.
Nagerait-on moins vite dans du sirop ? De manière similaire, on pourrait aussi se demander quel est l’effet de la viscosité du liquide sur la vitesse du nageur ? A priori, un liquide plus visqueux devrait ralentir la nage parce qu’il gêne les mouvements et augmente le frottement. Mais, on peut aussi voir les choses sous un autre angle. Si nous nageons beaucoup moins vite que nous ne marchons, c’est parce que l’eau est moins résistante que le sol. Quand un sprinter prend appui sur une piste d’athlétisme, elle ne se dérobe pas sous ses pas. Dans un liquide plus visqueux, les mouvements sont certes plus difficiles mais les appuis sont aussi plus fermes. Le nageurs devraient donc avancer plus vite. Qu'en est-il vraiment ? Deux chimistes américains se sont posés directement cette question : les nageurs avanceraient-ils plus vite ou moins vite dans du sirop ? Question cruciale !
Ils viennent de publier leurs résultats. Ils ont ajouté un épaississant alimentaire (de la gomme de guar, le composant E412 sur l'étiquette de vos yaourts) à l'eau d'un bassin, la rendant deux fois plus visqueuse mais sans affecter la flottabilité. Ils y ont fait évoluer 10 nageurs de compétition et 6 nageurs occasionnels et ont comparé leurs performances dans de l’eau et dans le sirop.
Bien que leur position dans le liquide soit différente, leur vitesse n’était pas affectée. Les deux effets antagonistes (résistance accrue mais meilleurs appuis) se compensent. Au moins à ce niveau de viscosité. Les auteurs pensent qu’avec une viscosité 1000 fois supérieure, les performances devraient être améliorées. De manière similaire à l’autre bout du problème, les nageurs devraient avancer plus vite dans des liquides extrêmement fluides : des phénomènes de cavitation devraient apparaître et limiter la résistance au mouvement. C’est l’effet peau de requin.
Piquer une tête dans le sirop, ça vous tente ? A la limite dans une piscine de crème anglaise, pourquoi pas ?!
commentaires :
1. mardi 2 août 2005 à 17:49, par nux :
2. mercredi 3 août 2005 à 21:14, par piumalvento :
3. mercredi 3 août 2005 à 22:40, par Hrundi :
4. mercredi 3 août 2005 à 23:57, par procrastin :
5. mercredi 9 avril 2008 à 19:11, par YoLeArno :
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