tomber de sommeil
lundi 10 avril 2006 à 00:15
Ca vous arrive peut-être au moment de vous endormir : vous avez la très nette impression de tomber dans le vide, comme si votre lit se dérobait sous vous ou que vous chutiez dans une cage d'ascenseur. Cette sensation de vertige s'accompagne le plus souvent d'un sursaut violent qui vous réveille. Pourtant tout est à sa place. Vous ne tombiez pas et votre matelas n'a pas bougé. Comment expliquer cette sensation parfois franchement traumatisante ?
Pour comprendre un peu ce phénomène, intéressons-nous tout d'abord à un autre trouble du sommeil. Lors d'une consultation à l'hôpital, le médecin voit arriver un monsieur avec une main dans le plâtre. Il est accompagné de son épouse arborant un superbe coquard. Il ne s'agit pas d'une sordide histoire de violence conjugale. Monsieur souffre d'un trouble du sommeil assez rare. Lorsqu'il dort, il ne reste pas immobile et s'agite en croyant vivre ses rêves. Ainsi, lorsqu'il rêve de son match de foot avec les copains, au moment du but, il détend violemment la jambe, ce que son épouse apprécie moyennement. De même, c'est en imaginant se battre contre un ours, qu'il a détendu le bras et s'est brisé la main contre le montant du lit. Normalement, notre cerveau empêche ces mouvements involontaires des membres lors du sommeil.
Ainsi, quand nous dormons (et plus précisément pendant le sommeil paradoxal, phase pendant laquelle le cerveau est particulièrement actif), nos muscles moteurs sont comme "déconnectés". Cela nous empêche de vivre physiquement nos rêves (c'est quand même moins dangereux pour nous ou notre conjoint).
En temps normal, cette paralysie du sommeil ne commence qu'avec l'endormissement et cesse dès le réveil. Mais il arrive parfois que votre cerveau mette un peu plus de temps à réagir : vous êtes réveillé mais vous ne pouvez pas bouger vos muscles. C'est au cours de ces périodes transitoires que se produisent les hallucinations sensorielles et l'impression de vertige. Si quelque chose vient vous réveiller avant la fin de la paralysie du sommeil, vous tentez de bouger mais vos membres ne répondent pas et semblent ne pas pouvoir prendre appui. Exactement comme lorsque vous tombez.
Dans certains cas extrêmes, cette paralysie du sommeil peut durer plusieurs secondes ou plusieurs minutes. La personne souffrant de tels troubles sort d'un rêve (phase de sommeil paradoxal); elle a alors conscience de la réalité qui l'entoure, mais se trouve complètement paralysée. C'est, semble-t-il, une sensation extrêmement effrayante. Elle est d'ailleurs couramment reprise dans les films d'épouvante (la série des "Freddy" par exemple) : vous ressentez un danger mais vous êtes paralysé et vous ne pouvez ni vous défendre ni vous enfuir.
Il est aussi probable que cette sensation soit à la base des légendes du moyen-âge sur les sorcières, les vampires ou encore les démons prenant l'apparence de femmes (succubes) ou d'hommes (incubes) et qui venaient vous oppresser la nuit sans que vous ne puissiez réagir. Ils se présentaient parfois sous la forme d'un songe ou d'un cauchemar. D'ailleurs l'étymologie du mot cauchemar est directement issue de ces croyances populaires :
Etymologie de "cauchemar" :
(1) de "cauquemare" (citation avérée autour de 1375) :
"Quant il semble que aucune chose viengne a son lit, qu'il semble qu'il monte sur lui, et le tient si fort que on ne peut parler ne mouvoir, et ce appelle le commun cauquemare, mais les medecins l'appellent incubes" (traduction de Valère-Maxime faite par Symon de Hesdin)
Ce malaise a souvent été attribué à l'action de sorcières, d'où "quauquemaire" (sorcière) :
"Au pays de Valois et de Pycardie, il y a une sorte de sorcières qu'ils appellent cochemares" (Bodin, Démonomanie des sorciers,1580).
(2) issu de l'ancien français "cauquier" ou "chauchier" (fouler, presser, attesté sous cette forme en Picardie dès le XIIe siècle) et du nom picard emprunté au néérlandais "mare" (fantôme ou spectre de la nuit, et qui a aussi donné son origine au mot anglais "nightmare"). (modifié d'après le TLF)
Des démons, des succubes, des sorcières, il y a de quoi se réveiller en sursaut en effet. Quand on tombe de sommeil, c'est pas un parachute qu'il faut, c'est une gousse d'ail !
commentaires :
1. lundi 10 avril 2006 à 00:51, par Claudel :
2. lundi 10 avril 2006 à 05:28, par Tant-Bourrin :
3. lundi 10 avril 2006 à 05:34, par Hesperon :
4. lundi 10 avril 2006 à 05:46, par marie danielle :
5. lundi 10 avril 2006 à 09:11, par Byalpel :
6. lundi 10 avril 2006 à 09:20, par Saoulfifre :
7. lundi 10 avril 2006 à 11:47, par Delphine Dumont :
8. lundi 10 avril 2006 à 12:33, par Bakemono :
9. lundi 10 avril 2006 à 13:23, par Olenka :
10. lundi 10 avril 2006 à 18:15, par proc' :
11. lundi 10 avril 2006 à 21:13, par Hesperion :
12. lundi 10 avril 2006 à 22:00, par proc' :
13. lundi 10 avril 2006 à 22:07, par Louis :
14. lundi 10 avril 2006 à 22:21, par Twig :
15. lundi 10 avril 2006 à 23:42, par Riri :
16. mardi 11 avril 2006 à 08:53, par PJB :
17. mardi 11 avril 2006 à 17:57, par nux :
18. mercredi 12 avril 2006 à 01:47, par peb :
19. jeudi 13 avril 2006 à 12:39, par tombook :
20. jeudi 13 avril 2006 à 20:09, par Louis :
21. vendredi 14 avril 2006 à 20:41, par proc' :
22. mardi 30 mai 2006 à 18:49, par pierreM :
23. jeudi 27 juillet 2006 à 20:10, par LFI :
24. mercredi 14 février 2007 à 16:10, par leila :
25. mercredi 14 février 2007 à 21:43, par proc' :
26. mercredi 20 février 2008 à 23:13, par doink :
27. jeudi 21 février 2008 à 09:39, par procrastin :
28. samedi 21 février 2009 à 16:18, par daniel :
29. mercredi 22 avril 2009 à 14:51, par shlimbo :
30. vendredi 18 décembre 2009 à 17:55, par mél :
31. dimanche 23 janvier 2011 à 00:31, par règlise :
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