Des chercheurs suédois se sont posés sérieusement la question des truites simulatrices et ont publié leurs résultats dans la très respectable revue anglaise Animal Behaviour.

Bien sur, cette publication n'est pas un prétexte à gaudriole et blagues salaces. Les orgasmes simulés ont une grande importance écologique chez les truites. Pour bien le comprendre, il faut faire un peu d'histoire naturelle : au moment de la période de reproduction, les males se retrouvent tous au même endroit et préparent chacun leur nid. Les femelles viennent ensuite choisir le meilleur mâle au cours d'une parade nuptiale. Une fois que la femelle a fait son choix, en principe, l'accouplement a lieu. La femelle libère ses oeufs et le mâle les recouvre de sa semence, puis les oeufs sont aussitôt enterrés sous les graviers du nid.

C'est là où ça se corse un peu. Que se passe-t-il si les deux partenaires ne sont pas synchrones ? C'est grave pour la femelle. La copulation est un acte très "coûteux" écologiquement et physiologiquement : les oeufs (ovules) contiennent beaucoup de réserves (d'où l'intérêt du caviar). Pour le male, un éjaculat est une toute petite perte en terme énergétique. Du coup, bien souvent, la femelle mime l'orgasme et la libération des oeufs pour voir si le male éjacule bien et ainsi limiter les risques de pertes de ses oeufs. Pas de 7e ciel chez la truite arc-en-ciel… J'en vois quelque uns de déçus, appâtés qu’ils étaient par le titre du papier.

Mais d'une certaine manière c'est assez proche de ce qui se passe dans d'autres espèces (y compris la notre). Je veux dire que c'est toujours des histoires de stratégies... La femelle n'a pas intérêt à perdre le male qui assure la survie de sa descendance et contribue aux soins aux jeunes. La reproduction est très toujours coûteuse. La femelle peut rarement mener à terme toute seule l'élevage des jeunes. Il lui faut donc s'assurer de l'aide du mâle quitte à utiliser des ruses grossières que le mâle est tout prêt à accepter...