toujours fermée
mardi 21 février 2006 à 01:02
S'il est un objet injustement méconnu, c'est bien la porte tambour, aussi appelée ou porte-tournante. C'est une de mes inventions favorites. Elle possède un charme indéniable et elle a inspiré quantité de gags au cinéma comme dans "The cure" de Charlie Chaplin. Il a aussi cette scène célèbre du "Parrain" de Coppola où un rival de Vito Corleone est coincé dans une de ces portes avant d'y être abattu par le parrain. Mais que sait-on vraiment de cet étrange animal ?
C'est comme pour toutes ces preuves du génie humain à la fulgurante évidence, la roue, par exemple, avec laquelle cette porte partage beaucoup de points communs. On a du mal à croire qu'une personne en particulier puisse en réclamer la paternité. Pourtant, la porte tambour est une idée récente. Elle a été inventée par un américain, fils d'immigré du valais suisse : Theophilus Van Kannel. Le brevet de la "porte tempête" (storm door) a été déposé le 7 août 1888 sous la référence n° 387 571. Sur ce brevet figure un schéma de porte divisée en trois compartiments par trois panneaux équidistants tournant autour d'un pivot central. La toute première porte tambour fut installée l'année suivante l'entrée du restaurant "Rector's" situé sur Broadway à New-York. Van Kannel était à ce point convaincu de l'utilité de sa porte qu'il prévoyait d'en installer partout y compris dans les maisons. C'est pourquoi sa maison et celle de sa mère furent équipées de plus d'une dizaine de portes tournantes.
Ces portes sont relativement silencieuses et elles ne peuvent pas être "claquées" par un courant d'air. Au contraire des portes traditionnelles qui sont ouvertes sur l'extérieur par intermittence, la porte tambour isole du bruit de la rue. Mais le plus important n'est pas là.
Le système est remarquablement simple et astucieux. Il n'y a jamais d'ouverture directe entre l'intérieur et l'extérieur du bâtiment, d'où le slogan utilisé à l'époque "always closed" (toujours fermée), paradoxal mais tellement vrai ! Quand vous ouvrez une porte classique, les courants d'airs sont parfois très importants ce qui entraînent une perte de chaleur. Au contraire, avec une porte à tambour, vous ne pompez qu'un tout petit volume d'air correspondant à un compartiment : vous entrez avec un volume d'air froid tandis qu'un volume équivalant d'air chaud est pompé vers l'extérieur. Et surtout, il n'y a jamais de courant d'air ! C'est pourquoi les prospectus de l'époque vantaient avec lyrisme que cette porte permettait de lutter contre les "effluves nocives" et les "miasmes pernicieux". Elle allait "sauver des vies en évitant les maladies des bronches fatales aux malheureux employés chargés de travailler dans les halles d'immeubles."
On en prend pas toujours conscience mais cette porte est particulièrement utile pour les immeubles de grande taille. En effet l'air chaud a tendance à monter (c'est le principe des montgolfières) en empruntant les cages d'escalier et d'ascenseur ou les conduits d'aération. Il se produit alors une baisse de pression sensible dans les étages inférieurs et donc un appel d'air. C'est pourquoi il y a des courants d'air si violents quand on ouvre la porte d'entrée de grands immeubles. Dans ce cas, la porte anti-courant d'air est une solution de choix !
Enfin, il ne faut pas oublier un avantage non négligeable. Deux personnes, l'une voulant entrer, l'autre voulant sortir, peuvent la franchir en même temps. C'est même plus facile pour la manœuvrer les battants de la porte. Ca nous épargne surtout les ridicules politesses d'usage : "après vous… non je vous en prie, après vous…" C'est même bien pratique si on déteste cette règle de galanterie qui voudrait qu'on cède le passage à une dame au moment de la croiser dans l'embrasure d'une porte. Avec cette porte, on a plus à s'effacer ! C'est même le contraire. Un homme devra presque se précipiter pour actionner la porte avant la dame.
Un problème toutefois : attention à ne pas se pincer les doigts. Ne vous fiez jamais à une porte tournante aussi inoffensive puisse-t-elle paraître. Vous devez être aussi prudent que lorsque vous remontez votre braguette. Les garçons voient très bien de quoi je parle…
commentaires :
1. mardi 21 février 2006 à 04:30, par l'espiègle courant d'air (who's surprised ?) :
2. mardi 21 février 2006 à 07:27, par Tant-Bourrin :
3. mardi 21 février 2006 à 08:15, par christelle :
4. mardi 21 février 2006 à 08:25, par JC :
5. mardi 21 février 2006 à 08:44, par Zydeco :
6. mardi 21 février 2006 à 09:01, par Byalpel :
7. mardi 21 février 2006 à 09:25, par Audalie :
8. mardi 21 février 2006 à 10:36, par sylvain :
9. mardi 21 février 2006 à 12:45, par cali :
10. mardi 21 février 2006 à 14:58, par proc' :
11. mardi 21 février 2006 à 16:58, par suis pô espiègle sans raison, même ma mémoire l'est ! :
12. mardi 21 février 2006 à 17:35, par proc' :
13. mercredi 22 février 2006 à 10:28, par tombook :
14. mercredi 22 février 2006 à 12:11, par zydeco :
15. mercredi 22 février 2006 à 18:38, par Louis :
16. mercredi 22 février 2006 à 23:04, par benoit :
17. jeudi 23 février 2006 à 18:21, par peb :
18. vendredi 24 février 2006 à 05:19, par proc' :
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