Au niveau de la mer, l'air exerce une pression phénoménale, d'à peu près 10 tonnes par mètre carré, qui correspond au poids de l'air atmosphérique au dessus de notre tête. Pourtant nous ne sommes pas écrasés : pour équilibrer cette pression, notre corps exerce en retour une pression équivalente de 10 tonnes au mètre carré. Or nous avons en moyenne 2 m² de peau sur le corps, soit une pression 20 tonnes ! total-recall D'où la croyance que si l'on supprime d'un seul coup toute la pression externe, (ce qui se produirait si on nous projetait dans le vide spatial), notre corps ne pourrait pas résister à la pression interne et devrait exploser. Cela justifierait la scène de grand-guignol dans le navet "Total recall" (1990) où la tête d'Arnold Schwarzenegger gonfle horriblement avec les yeux qui sortent des orbites.

Ce qui entretient un peu plus la confusion, c'est un phénomène impressionnant que l'on retrouve d'ailleurs dans beaucoup de films à grand spectacle : quand on fait un trou dans la coque d'un avion en vol à haute altitude (comme dans "747 en péril" de Jack Smight, 1974), ou d'un vaisseau spatial (comme à la fin de "Alien 4"), la différence de pression entre l'intérieur de la cabine et le vide extérieur entraîne une décompression soudaine : tout ce qui est à proximité, fut-il un monstre de l'espace géant, est sucé violemment à travers le trou pour finir à l'état de spaghetti sanguinolent.

Revenons à notre problème. Nous n'exploserions pas dans le vide spatial parce que notre peau est très résistante et elle ne se déchirerait pas. Après tout, le cuir de nos chaussures ou de nos canapés, c'est aussi de la peau. En revanche nous allons gonfler jusqu'à quasiment doubler de volume. L'air des poumons va s'échapper très rapidement par la bouche (et ça devrait quand même endommager nos fragiles alvéoles pulmonaires). Si vous essayez stupidement de retenir votre respiration, les dégâts seront encore pires : l'air fortement dilaté va se forcer un passage dans le sang et atteindre le cerveau où il causera des hémorragies. De même, l'air du tube digestif (à peu près 1L) va se dilater, ce qui comprimera le diaphragme et les viscères et causera d'importantes douleurs abdominales. En outre, une partie de l'eau présente dans les tissus va se transformer en vapeur.

plongeurs Certains troubles seront très similaires à l'accident de décompression des plongeurs qui remontent trop vite à la surface sans laisser le temps à l'organisme de s'habituer à la pression et au cours duquel l'azote sanguin devient gazeux.

Vous souffrirez aussi d'hypoxie en raison du manque d'oxygène dans vos cellules. Rappelons qu'au sommet de l'Everest (altitude 8850 m), la pression atmosphérique est moins du tiers de celle au niveau de la mer. Une personne non entraînée qui se retrouverait soudainement transportée à cette altitude tomberait dans les pommes en quelques minutes à cause du manque d'oxygène.

Une publication scientifique au moins décrit un cas de survie dans le vide : en 1982, suite à un accident, un technicien s'est retrouvé brutalement exposé à une très faible pression correspondant à une altitude de plus de 22 kilomètres, soit moins de 4% de la pression atmosphérique au niveau de la mer, c'est à dire quasiment le vide ! Ca a duré plusieurs minutes. Quand ses collègues sont arrivés à le sortir de là, il était tout bleu, la bave aux lèvres, les poumons en sang et inconscient mais il s'est totalement remis. D'autres ont eu moins de chances que lui. Il semble que, dans le vide, on puisse rester conscient une dizaine de secondes, et que l'on puisse survivre près de 2 minutes. Mais on explose pas !

Donc au final, le saut de l'espace dans le film de Kubrick serait possible. Par contre, je doute que le shining repose sur une quelconque base scientifique…